Le triste sort du Yémen

Enfant souffrant de malnutrition sévère
Enfant souffrant de malnutrition sévère


Notre pays, le Canada, ne devrait pas être responsable de la mort d'enfants et d'adolescents.  Pourtant, c'est peut-être le cas. Nous sommes un acteur, par la bande, de l'une des pires crises humanitaires sévissant au Moyen-Orient, et ce, depuis plus de huit ans. En effet, nous vendons des bombes à l'Arabie saoudite et celles-ci serviront peut-être à détruire le Yémen, un pays aux prises avec une guerre de religions et d'idéologies, mais aussi une crise humanitaire majeure.

Dévastatrice. Puissante. Horrible.  La guerre crée les morts, les blessés, la faim, les cris de douleur, les souvenirs qui ne s'effacent pas, les traumatismes, etc. On parle beaucoup de la guerre en Ukraine, mais ce n'est pas le seul conflit. L'un d'entre eux, celui du Yémen, s'éternise. 

Décrite comme l'une des pires crises humanitaires au monde, la situation de ce petit pays n'est pas près de se régler, selon Thomas Juneau, professeur à l'école supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa et auteur du livre Le Yémen en guerre. Ce conflit est complexe. Pour trouver un début, on peut commencer par le départ négocié, en 2012, de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, dans la foulée du Printemps arabe.

L'Arabie saoudite, déjà inquiète de la situation instable chez son voisin méridional, devient alors encore plus anxieuse en raison des relations croissantes entre son grand rival, l'Iran, et les houthistes, un groupe rebelle qui dénonce l'isolement de la communauté zaïdite, les inégalités et le sous-développement dont est victime le nord-ouest du pays.

Groupe d'enfants jouant au soccer à travers les maisons en ruines
Groupe d'enfants jouant au soccer à travers les maisons en ruines

"Riyad lance donc en mars 2015 une intervention militaire afin de contrer les avancées houthistes et de restaurer le gouvernement internationalement reconnu", résume Thomas Juneau. L'Arabie saoudite fait ainsi pleuvoir les bombes sur les Yéménites avant de se rendre compte que son action militaire est inefficace (quoique très destructrice) : les houthis, après huit ans de conflits, dominent toujours la région du nord-ouest. 

Les conséquences du conflit sur la population sont énormes. Cinquante lignes de front n'existent pas sans faire de dommages: des centaines de milliers de morts, des milliers d'immeubles et d'infrastructures détruites. Selon l'ONU, il s'agit de la pire crise humanitaire au monde.  On estime à 30 millions le nombre de personnes qui dépendent de l'aide humanitaire pour survivre.  Cela représente le 2/3 de la population! Des enfants ne peuvent plus aller à l'école et d'autres n'ont carrément pas assez de nourriture pour survivre. Les camps de réfugiés débordent, les gens font la file pendant des jours pour avoir un peu d'essence. Des bombes tombent n'importe où.  Les journalistes internationaux n'ont pas le droit d'entrer dans le pays.  La seule manière de se documenter, c'est d'entrer au Yémen en tant que travailleur humanitaire, comme Jasmin Lavoie, qui a couvert la guerre pendant un an, devenant ainsi l'une des rares sources d'information fiables sur ce qui s'y passe.

Si la guerre se terminait demain matin, encore là, les problèmes ne seraient pas terminés. "Un nouveau Yémen du Sud indépendant est peut-être inévitable, mais la séparation ne sera pas harmonieuse", croit Thomas Juneau. C'est en effet une possibilité, puisque cette partie du pays connaît, un fort sentiment indépendantiste dans sa population, qui ne date pas d'hier. En effet, cette région est restée indépendante de 1967 à 1990. De plus, selon ce même analyste : " [une entente de paix entre l'Arabie saoudite et les houthistes] consacrerait la domination des houthistes sur le nord-ouest du pays. Il s'agit peut-être d'un autre résultat inévitable. Mais leur gouvernance s'avère de plus en plus répressive, corrompue et obscurantiste." Plus encore, une telle entente serait perçue par le gouvernement officiel du Yémen comme une trahison de la part de son principal soutien, Riyad. D'ailleurs, ce gouvernement est plutôt rendu, comme le décrit le professeur Juneau, "un regroupement hétérogène de factions unies par leur opposition aux houthistes et qui se démarquent par les divisions internes et la corruption ; leur incapacité à construire un front consolidé reste l'une des causes principales des succès houthistes." Rien de bien encourageant, donc, dans le ciel du Yémen. Malheureusement, c'est la population qui en paie le prix fort.

Ce n'est pas la seule crise humanitaire du monde. Ni la première, ni la dernière, malheureusement. Tous ces cas sont bien souvent hors de notre portée, mais nous pouvons faire des efforts pour aider toutes les personnes dans des situations vulnérables de ce monde. À plus petite échelle, à même notre école, le Comité vert et Amnistie Internationale s'occupent de la sensibilisation et de l'organisation et de la gestion de toutes les actions qui peuvent être entreprises dans une école pour l'environnement et les droits humains. Si vous désirez y participer, nos rencontres sont les jeudis midi, chaque semaine. 

Alexandra Côté

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